Nager dans le béton au risque de la noyade.

Montpellier est une ville dangereuse. Apprenez à vos enfants à nager. Montpellier a « été transformée en une sorte d’enfer affirme Jean-Yves Leber dans le très national quotidien Le Monde du 5 octobre 2015, il n’y a pratiquement plus d’endroits dans la ville où l’eau peut simplement entrer dans le sol ». Notre ville est comme une grande piscine à débordement où s’abattent des pluies diluviennes. Elles courent depuis les Cévennes, pour dévaler dans le grand toboggan montpelliérain : une succession de digues, de chenaux et de bassins de rétention sous-calibrés.

Aout 2015 : 2 morts. Dégâts non estimés. Automne 2014 : 4 morts, 320 millions d’euros de dégâts matériel. Ce ne sont pas les pluies diluviennes qui détruisent et qui tuent, c’est l’insuffisance des ouvrages, c’est l’insuffisance des canalisations, des égouts, et le trop plein de béton. Ce béton que la mairie veut encore étaler à coups de projets pharaoniques, de Castelnau à la mer (Oz, ode, Mogère…), sur des zones inondables, et sur des zones éponges où l’eau pourrait s’écouler. Ce béton que des mairies en amont et en aval de Montpellier, étalent elles aussi, pour parfaire le grand ouvrage à débordement de notre Métropole : à Saint-Clément-de-Rivière, Oxylane, 23 hectares de terres agricoles et forestières, bientôt transformées en un énième centre commercial bétonné ; à Villeneuve-lès-Maguelone, Sud Arnel, 9 hectares de logements à construire en zone humide, c’est à dire une zone tampon entre sols et étangs qui permet d’atténuer les inondations. Nous faudra-t-il nager dans le béton jusqu'à la noyade? Au nom de la rentabilité fiscale des collectivités (1 million annuel prévu pour Oxylane), de la rentabilité locative des actionnaires (ce fameux fonds luxembourgeois actionnaire majoritaire à la Mogère), et de la voracité des promoteurs partout ?

Croissance démographique n’est pas forcément synonyme d’étalement et de bétonisation. Montpellier peut grandir en intelligence avec son environnement : préserver les commerces en centre-ville, plutôt que de les exporter en périphérie, rentabiliser ses transports collectifs déjà existants et desservir les quartiers historiques (ligne 5), débétonner la totalité de ses 48 parcs et jardins ou renaturaliser les berges du Lez, c’est-à-dire prévoir davantage de zones vertes pour l’écoulement des eaux, pour le bien-être et la sécurité de ses habitants. Et ainsi sauvegarder l’identité paysagère forte de nos couloirs et ceintures vertes : nos garrigues, nos maquis, nos étangs, nos vignes, qui renforcent la qualité de vie et l’attractivité durable de notre métropole.

Cendrine Escallier, Manu Reynaud, Porte-paroles EELV Montpellier