Le désarmement de la police municipale voulue par LFI agite le débat pour les municipales à Montpellier

Midi Libre - 09 juillet 2025
Yannick Povillon

À neuf mois des municipales, une proposition de Mathilde Panot (LFI) enflamme le débat à Montpellier. Désarmer, voire supprimer la police municipale et démanteler la vidéosurveillance ? Des idées assumées par la députée Nathalie Oziol mais qui rencontrent de vives oppositions notamment du côté du maire de Montpellier Michaël Delafosse qui évoque "une mesure dangereuse".

Une sortie qui ne passe pas. La déclaration de Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, en faveur du désarmement, voire de la suppression, des polices municipales a provoqué une vive réaction à Montpellier. Une ville que les Insoumis espèrent bien conquérir lors des prochaines municipales, dans neuf mois.

Invitée sur BFMTV, lundi 7 juillet, Mathilde Panot a plaidé pour la fusion des polices municipales avec la police nationale, la suppression de certaines unités locales et le démantèlement partiel des systèmes de vidéosurveillance. Une position tranchée, difficile à défendre localement, mais assumée par la députée LFI de l’Hérault, Nathalie Oziol.

Nathalie Oziol assume : "C’est notre programme"

Celle qui est pressentie pour être candidate à la mairie de Montpellier confirme :"C’est notre programme de campagne aux présidentielles, il n’y a rien de nouveau", insiste Nathalie Oziol. "Ces dispositifs sont inefficaces et liberticides. Ils abîment le lien entre la police et la population." 

Selon la députée de la 2e circonscription de l’Hérault, la vidéosurveillance ne permettrait de résoudre que 1,3 % des affaires : "Quatre caméras peuvent être remplacées par l’embauche d’un policier. Nous, on préfère l’humain", argumente-t-elle. Et d’ajouter : "Désarmer la police municipale tend vers une société pacifiée. La vraie police de proximité, désarmée, doit être rétablie pour recréer le lien avec les habitants", dit-elle. Tout en regrettant que le maire ne se préoccupe pas de la disparition de cette police de proximité dont l’absence est surtout "néfaste pour les habitants des quartiers populaires".

Michaël Delafosse combattra la mesure

Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, se dit en "désaccord total" et qualifie même la mesure de "dangereuse". Il défend une police de proximité armée, estimant que cet armement lui permet d’intervenir seule ou aux côtés de la police nationale, de protéger les citoyens et, parfois, d’agir en légitime défense. Selon lui, LFI "méconnaît les enjeux de sécurité" en raison de l’absence d’élus de terrain. "Il faut combattre ces convictions, et je combattrai à Montpellier tous ceux qui veulent désarmer la police municipale", affirme-t-il. D’autant plus que, dans le cadre de la création de la police métropolitaine des transports, le maire a expressément souhaité qu’elle soit armée.

Il défend également l’usage de la vidéoprotection, qu’il juge indispensable : "Elle permet à la police nationale, sous autorité judiciaire, d’identifier les auteurs et de rendre justice aux victimes. La sécurité est un enjeu républicain. Elle est essentielle, en particulier pour les plus fragiles dans les quartiers populaires." Il conteste les chiffres avancés et affirme que le taux d’élucidation est en constante progression, ce qui "permet des situations de flagrance très efficaces". Cette année, 100 caméras supplémentaires seront déployées à Montpellier. "L’adhésion des habitants en réunion publique est très importante", souligne-t-il.

EELV tout en prudence

Chez les écologistes, la ligne est plus nuancée. Coralie Mantion, élue d’opposition et membre d’EELV, reste critique sur l’armement mais souligne les réalités du terrain :

Il paraît compliqué, dans l’état actuel, de désarmer la police municipale", reconnaît-elle.

Pourtant, elle y est opposée. Selon elle, cela "accroît la violence. J’ai d’ailleurs voté contre l’armement de la police des transports."
Mais elle pointe également le manque de moyens alloués à la sécurité publique par l’État :

Le désengagement est flagrant. Il faut redéfinir les rôles de chacun. La police municipale doit rester un acteur de proximité, un pacificateur."

Sur la vidéosurveillance, elle reste prudente : "Nous attendons, en vain, des évaluations concrètes de son efficacité."

À droite, Isabelle Perrein fustige une "naïveté dangereuse"

Candidate officiellement déclarée, Isabelle Perrein plus positionnée à droite se montre particulièrement virulente : "LFI est devenue le parti des délinquants. Ces propositions sont d’une naïveté et d’une dangerosité inouïes. Elles vont à l’encontre de ce que je constate chaque jour à Montpellier." Elle promet, si elle est élue, de doubler les effectifs de la police municipale, de maintenir leur armement et de déployer un réseau de vidéoprotection intelligente, basé sur l’intelligence artificielle. "Je serai intransigeante : tolérance zéro face à l’insécurité." Le débat sur la sécurité n’en est qu’à ses débuts mais déjà, les lignes de fracture se dessinent. Il sera, quoiqu’il arrive, devenir l’un des grands thèmes des élections municipales de 2026.

192 policiers municipaux à Montpellier

A Montpellier, la police municipale a été créée le 26 octobre 1982. Elle a été armée peu après l’autorisation par la loi du 7 mars 1986. Une formation initiale et continue et des entraînements de tirs annuels doivent être effectués par les agents pour pouvoir être habilités à l’armement. Selon des chiffres de 2022, 88 % des 979 policiers municipaux étaient armés ce qui place le département en première position, juste devant le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône mais loin devant le département voisin du Gard (65 %). A date, Montpellier compte 192 policiers municipaux et 39 agents à la Direction déléguée de la régulation du domaine public et des mobilités, ainsi que 4 agents au sein du Centre de supervision urbaine. Elle dispose par ailleurs de 26 véhicules, 10 motos, 18 scooters, 28 VTT et de 2 postes de commandement mobiles.