Jean-Louis Roumegas sera tête de liste Les Écologistes à Montpellier pour "créer une alternative"
Hérault Tribune - 11 octobre 2025
Garlonn Gaud
Le député Jean-Louis Roumegas confirme qu'il sera tête de liste lors des élections municipales de 2026 à Montpellier. Il défend une démarche de rassemblement à gauche, centrée sur la démocratie participative, la transition écologique et la justice sociale.
Serez-vous tête de liste à Montpellier pour Les Écologistes ?
Oui. Il y a déjà eu un vote au sein d’Europe Écologie-Les Verts et il y a eu près de 70 % des voix pour une stratégie de rassemblement, pour créer une alternative à la municipalité actuelle, et qui m’a désigné comme chef de file. Elle a aussi désigné les douze premiers candidats écologistes.
Ça ne veut pas dire qu’à la fin, comme on fait un rassemblement, il n’y aura que des gens du parti : il pourra y avoir des candidats qui ne sont pas écologistes encartés et qui s’intercaleront sur la liste.
Mais vous resterez tête de liste ?
Oui, personne ne conteste le choix proposé par Les Écologistes. C’est la force principale du rassemblement.
Ce rassemblement, il s’est construit comment ?
Depuis le mois de juin, on a constitué un rassemblement qui s’élargit. On a été rejoints par l’Après, cette partie des Insoumis qui avaient quitté LFI avec Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido… Ils ont d’ailleurs cinq députés qui sont dans le même groupe que nous, le groupe écologiste et social.
Ensuite, il y a Génération S, le mouvement de Benoît Hamon, qui nous a rejoints aussi, début septembre. Et là, on va encore s’élargir, puisqu’on termine des discussions avec l’Assemblée nationale des quartiers populaires, qui fédère des mouvements de banlieues, des mouvements des quartiers populaires. Et puis on a aussi d’autres discussions, par exemple avec Cause Commune à Montpellier, qui est un mouvement municipaliste.
Comment caractériser cette démarche ?
C’est un rassemblement sur un projet écologiste, social et citoyen. La dimension citoyenne est importante : on aura sur la liste des personnalités, des citoyens engagés, qui nous rejoindront sur les valeurs et le projet. Et puis on a une méthode, très axée sur le mouvement citoyen : on fait des forums citoyens (on en a déjà fait un, on fait le deuxième le 18 octobre) pour travailler le projet avec le milieu associatif, avec tous les citoyens qui veulent participer. Et toutes les semaines, on fait des ateliers dans notre local : jeudi, c’était sur le logement. On veut travailler le programme avec tous les acteurs de la société civile.
Quels seront les grands axes du programme ?
On n’est pas d’accord avec la majorité actuelle. Il y a eu des ruptures sur de nombreux sujets : sur la question des déchets, le choix d’un incinérateur ; sur le PLUi, la politique d’urbanisme qui sacrifie des espaces dans la ceinture verte alors qu’on avait demandé de les préserver. Dans une métropole déjà très construite, où la pression immobilière est forte, il faut préserver les espaces agricoles, naturels, et même en ville : des parcs, des respirations.
Vous avez un exemple ?
Oui, la Cité Bergère, avenue Saint-Lazare. C’est une petite poche de maraîchage en ville : selon nous, il faut la préserver. Et pourtant, la ville laisse partir ça en construction alors qu’on pourrait imaginer plein de projets.
Premier axe donc : une alternative. Le deuxième ?
Réinventer la démocratie locale. Ce qui nous a paru le plus critiquable dans le mandat qui s’achève, c’est l’absence de construction avec les Montpelliérains. Les gens découvrent que leur quartier va changer de visage sans avoir été informés. C’est pareil pour les Quatre Boulevards, pour la ZAC Mosson Sud… Il faut arrêter la fausse concertation. Nous, on veut de la co-construction : réfléchir à l’avenir des quartiers et de la ville avec les habitants.
Comment faire concrètement ?
D’abord, réformer les conseils de quartier. Aujourd’hui, il y en a huit, des zones énormes qui ne correspondent à rien. Nous, on veut revenir à des quartiers réels : plutôt entre 20 et 24.
Et on veut des “parlements de quartier”, élus, avec un budget et un lieu pour fonctionner. Ils auront une vraie légitimité, un vrai rôle.
Est-ce que ça veut dire revenir sur certaines décisions du mandat ?
Oui. Par exemple sur les Quatre Boulevards. Les habitants se battent depuis trois ans, et la mairie leur promet des réunions techniques qui n’aboutissent à rien. Il y a des solutions simples : rouvrir l’avenue Albert-Dubout, rétablir une circulation en pétale, comme aux Arceaux, pour éviter le transit. Il faut une vision globale et protéger tous les quartiers, pas seulement certains.
Et sur le projet de centre de valorisation des déchets (CSR) ?
Sur la sécurité, que proposez-vous ?
C’est un vrai sujet. Contrairement à ce qu’on croit parfois, les écologistes s’y intéressent. Simplement, on ne pense pas qu’on résoudra les problèmes en roulant des mécaniques. On veut s’attaquer aux causes : renforcer l’encadrement de la jeunesse, développer l’éducation populaire, notamment pour les collégiens et lycéens qui n’ont plus d’offre éducative.
Et puis il faut retrouver une police de proximité, des agents présents sur le terrain, qui connaissent les habitants et font de la prévention. C’est ça, la sécurité au quotidien. Il faut aussi réintroduire de la présence humaine, des gardiens d’immeubles, des gardiens de parcs. Ce sont des métiers qui ont disparu mais qui rassuraient.
Michaël Delafosse est allié à des écologistes. Est-ce qu’il y a encore une place pour les écologistes qui ne sont pas avec lui ?
Vous plaisantez ? (rires) Le parti a voté à 70 % la stratégie dont je vous parle. C’est ce parti qui a la légitimité. Ceux qui soutiennent Michaël Delafosse, comme Manu Reynaud, sont des dissidents exclus d’EELV. Ils n’engagent qu’eux-mêmes.
Sur l’écologie, il y a des désaccords de fond. Il communique sur l’écologie, mais c’est de la fausse écologie. Quand on plante huit arbres sur la place de la Comédie, sur un parking bétonné, pour des millions d’euros, avec des arbres qui ressemblent à des plumeaux, et qu’on appelle ça la lutte contre le changement climatique… Qui peut trouver ça sérieux ?
Pour le grand public, la frontière entre “écologistes encartés” ou non est parfois floue. Est-ce que ça ne risque pas de nuire à votre campagne ?
Oui, Michaël Delafosse va jouer la confusion. J’ai vu ses premiers tracts : “Gauche et écologistes réunis.” Comme en 2020, quand il avait mis le logo des écologistes plus gros que celui du Parti socialiste pour faire croire qu’il était écologiste. Il a compris que l’écologie est porteuse au niveau municipal, c’est comme ça qu’il a gagné, et il veut refaire le coup. Mais je pense que les gens ne sont pas dupes. Il y a les dossiers, les faits. Les Montpelliérains savent faire la différence entre une communication et une conviction.
Si vous êtes élu maire de Montpellier, allez-vous quitter la députation ?
Si la question se pose, je ferai le choix de la municipalité. Si je gagne, ma suppléante deviendra députée, comme le prévoit la loi.